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Les Soliloques du Pauvre

by Vîrus x Jehan-Rictus

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1.
Crève-Cœur 03:00
Eun’ fois j’ai cru que j’ me mariais Par un matin d’amour et d’ Mai : Il l’tait Menuit quand j’ rêvais ça, Il l’tait Menuit, et j’ pionçais d’bout (Hein quell’ santé !) – Voui j’ me mariais Par un matin d’amour et d’ Mai J’y jasais : « Ma Perl’, ma Pensée, Te voilà, enfin ! Te voilà ! « Quand j’étais seul, quand j’étais nu, Crevant, crevé, sans feu ni lieu, Loufoque, à cran, tafeur, pouilleux, Où étais-tu ? Que faisais-tu ? « Ah ! que d’ chagrins, que d’ jours mauvais Sans carl’, sans bécots, sans asile, Que d’ goujats cruels, d’imbéciles, Si tu savais, si tu savais… …………………………………………………………………. « Ohé l’ poivrot là, l’ sans probloque ? Vous feriez pas mieux d’ cravailler Au lieur d’êt’ là à bafouiller? Foutez-moi l’ camp ou … gar’ le bloc ! » …………………………………………………………………. Non tout’ ma vie j’ me rappell’rai La gueul’ de cochon malhonnête Qui s’ permettait d’ m’interpeller Pass’ que j’y bouchais sa sonnette. Alors, comm’ j’ le r’luquais d’ travers Il a sorti trois revolvers, Deux canifs et son trousseau d’ clefs ! Et y s’a foutu à gueuler : - « Au s’cours, à moi ! à l’aid’ ! Moman ! On m’ ratiboise ! on m’ saigne, on m’ viole… Gn’y a pas d’ pet qu’y vienn’nt les z’agents, Pus souvent qu’on verrait leur fiole ! » Et moi qu’ j’allais p’têt’ arr’sauter Et créer un beau fait-divers… Mal réveillé d’ mon Song’ d’Été J’ me suis ensauvé dans l’Hiver.
2.
L'Hiver 06:08
Merd’ ! V’là l’Hiver et ses dur’tés / Merd’ ! V’là l’Hiver et ses dur’tés / Merd’ ! V’là l’Hiver et ses dur’tés / Merd’ ! V’là l’Hiver et ses dur’tés / V’là l’ moment de n’ pus s’ mettre à poils : V’là qu’ ceuss’ qui tienn’nt la queue d’ la poêle / Dans l’ Midi vont s’ carapater ! / V’là l’ temps ousque / Les Borgeois, l’ soir, vont plaind’ les Pauvres / Au coin du feu… après dîner ! V’là l’ temps ousque dans la Presse / Entre un ou deux lanc’ments d’ putains / On va r’découvrir la Détresse / La Purée et les Purotains ! / Les jornaux, mêm’ ceuss’ qu’a d’ la guigne / Vont êt’ pleins d’appels larmoyants / Pleins d’ sanglots… à trois sous la ligne ! / C’ qui va s’en évader des larmes ! / En couler d’ la piquié ! / Plaind’ les Pauvr’s c’est comm’ vendr’ ses charmes / C’est un vrai commerce, un méquier ! / On n’est pas muff’ en France / On n’ s’occup’ que des malheureux / Et boum ! La Bienfaisance / Bat l’ tambour su’ les Ventres creux ! / L’Hiver, les murs sont pleins d’affiches / Pour Fêt’s de charité / Car pour nous s’courir, eul’ mond’ riche / Faut qu’y gambille à not’ santé ! / Grâce à la Misère / On rigol’ pendant la saison / Faut qu’y viv’nt les rastaqoères / Et faut ben qu’y r’dor’nt leurs blasons ! / Qu’ceux d’ la Politique / Y s’ gagn’nt eun’ popularité ! / Pour ça, l’ moyen l’ pus pratique / C’est d’ chialer su’ la Pauvreté / Moi, je m’dirai : « Quiens, gn’a du bon !» / L’ jour où j’ verrai Socialisses / Et Royalisses / Tomber d’ faim dans l’ Palais-Bourbon. Merd’ ! V’là l’Hiver et ses dur’tés / Merd’ ! V’là l’Hiver et ses dur’tés / Merd’ ! V’là l’Hiver et ses dur’tés / Merd’ ! V’là l’Hiver et ses dur’tés / Car tout l’ mond’ parl’ de Pauvreté / D’eun’ magnèr’ magnifique et ample / Vrai de vrai y a d’ quoi en roter / Mais personn’ veut prêcher d’exemple ! Ainsi : r’gardez les Empoyés / (Ceux d’ l’Assistance évidemment) / Qui n’assistent qu’aux enterr’ments / Des Pauvr’s qui paient pas leur loyer ! / Pis contemplons les Artisses / Peint’s, poèt’s ou écrivains / Car ceuss qui font des sujets trisses / Nag’nt dans la gloire et les bons vins ! / Pour eux, les Pauvr’s, c’est eun’ bath chose / Un filon, eun’ mine à boulots / Ça s’ met en dram’s, en vers, en prose / Et ça fait fair’ de chouett’s tableaux ! / Oui, j’ai r’marqué, mais j’ai p’têt’ tort / Qu’ ceux qui s’ font « nos interprètes » / En geignant su’ not’ triste sort / Se r’tir’nt tous après fortun’ faite ! / Ainsi, t’nez, en littérature / Nous avons not’ Victor Hugo / Qui a tiré des mendigots / D’ quoi caser sa progéniture ! / En peinture, gn’y a z’un troupeau / Qui gagn’ la forte somme / À nous peind’ pus tocs que nous sommes : Les poux aussi viv’nt de not’ peau ! / L’en faut, des Pauvr’s, c’est nécessaire / Qu’ tout un chacun s’exerce / Si y gn’avait pus d’ misère / Ça pourrait ben ruiner l’ Commerce / Mais, j’ vas vous dir’ mon sentiment : C’est trop d’hypocrisie / Plaindr’ les Pauvr’s, assurément / Ça rapport’ pus qu’ la Poésie : Merd’ ! V’là l’Hiver et ses dur’tés / Merd’ ! V’là l’Hiver et ses dur’tés / Merd’ ! V’là l’Hiver et ses dur’tés / Merd’ ! V’là l’Hiver et ses dur’tés / Je l’ prouv’, c’est du pain assuré / Et quant aux Pauvr’s, y n’ont qu’à s’ taire / L’ jour où gn’en aurait pus su’ Terre / Bien des gens s’raient dans la Purée ! Soit ! – Mais, moi, j’ vas sortir d’ mon antre / Avec le Cœur et l’Estomac / Plein d’ soupirs… et d’ fumée d’ tabac / (Pas d’ quoi fair’ la dans’ du ventre !) / J’en ai soupé de n’ pas briffer / D’êt’ de ceuss’ assez… pantoufles / Pour infuser dans la mistoufle / Quand… gn’a des moyens d’ se r’biffer / Gn’a trop longtemps que j’ me balade / La nuit, le jour, sans toit, sans rien / (L’excès mêm’ de marmelade / A fait s’ trotter mon Ang’ gardien !) / Eh donc ! tout seul, j’ lèv’ mon drapeau / Va falloir tâcher d’êt’ sincère / En disant l’ vrai coup d’ la Misère / Au moins, j’aurai payé d’ ma peau ! / Souffrant pis qu’ les malheureux / Parc’ que pus sensible et nerveux / Je peux pas m’ faire à supporter / Mes douleurs et ma Pauvreté / Oh ! ça n’ s’ra pas comm’ les vidés / Qui, bien nourris, parl’nt de nos loques / Faut qu’ j’écriv’ mes « Soliloques » : Moi aussi, j’en ai des Idées ! Je veux pus êt’ des Écrasés / D’ la Société contemporaine / J’ vas dir’ les maux, les pleurs, les haines / D’ ceuss’ qui s’appell’nt « Civilisés » ! / Et qu’on m’ tue ou qu’ j’aille en prison / J’ m’en fous, je n’ connais pus d’ contraintes : J’ suis l’Homm’ Modern’, qui pouss’ sa plainte / Et vous savez ben qu’ j’ai raison ! 1894-1895... (2017)
3.
Quand j’ pass’ triste et noir, gn’a d’ quoi rire / Faut voir rentrer les boutiquiers / Les yeux durs, la gueule en tir’lire / Dans leurs comptoirs comm’ des banquiers / J’ les r’luque : c’est irrésistible / Y s’ caval’nt, y z’ont peur de moi / Peur que j’ leur chopp’ leurs comestibles / Peur pour leurs femm’s, pour je n’ sais quoi / Leur conscienc’ dit : « Tu t’ soign’s les tripes / Tu t’ les bourr’s à t’en étouffer / Ben, n’en v’là un qu’a pas bouffé ! » / Alors dame ! euss y m’ prenn’nt en grippe ! / Alors dame ! euss y m’ prenn’nt en grippe ! / Gn’a pas ! mon spectr’ les embarrasse / Ça leur donn’ comm’ des remords : Des fois, j’ plaqu’ ma fiole à leurs glaces / Et y d’viennent livid’s comm’ des morts ! / Du coup, malgré leur chair de poule / Y s’ jett’nt su’ la porte en hurlant : Faut voir comme y z’ameut’nt la foule / Pendant qu’ Bibi fout l’ camp / « - Avez-vous vu ce misérable / « Cet individu équivoque ? / « Ce pouilleux, ce voleur en loques / « Qui nous r’gardait croûter à table ? / « Ma parole ! on n’est pus chez soi / « On n’ peut pus digérer tranquilles… / « On paye l’impôt, gn’a des lois ! / « Qu’est-c’ qu’y font, les sergents d’ ville ? » / J’ suis loin, que j’ les entends encor : L’ vent d’hiver m’apport’ leurs cris aigres / Y piaill’nt, comme à Noël des porcs / Comm’ des chiens gras su’ un chien maigre ! / Pendant c’ temps, moi, j’ file en silence / Car j’aim’ pas la publicité / Oh ! j’ connais leur état d’ santé / Y m’ f’raient foutre au clou… par prudence ! / Comm’ ça, au moins, j’ai l’ bénéfice / De m’ répéter en liberté / Deux mots lus su’ les édifices : « Égalité, Fraternité » / « Égalité, Fraternité », « Égalité … » / Souvent, j’ai pas d’aut’ nourriture : (C’est l’ pain d’ l’esprit, dis’nt les gourmets) / Bah ! l’Homme est un muff’ par nature / Et la Natur’ chang’ra jamais / Car, gn’a des prophèt’s, des penseurs / Qu’ont cherché à changer l’Homme / Quoi qu’y z’ont fait, en somme / De c’ kilog d’ fer qu’y nomm’nt son Cœur ? / Rien de rien… même en tapant d’ssus / Ou en l’ prenant par la tendresse / Comm’ l’a fait l’aut’ Seigneur Jésus / Qui s’a vraiment trompé d’adresse / Aussi, quand on a lu l’histoire / D’ ceuss’ qu’a voulu améliorer / L’ genre humain…, on les trait’ de poires / On vourait ben les exécrer / On réfléchit, on a envie / D’ beugler tout seul « Miserere » / Pis on s’ dit : Ben quoi, c’est la Vie ! / Gn’a rien à fair’, gn’a qu’à pleurer / On réfléchit / Pis on s’ dit : Ben quoi, c’est la Vie ! / Gn’a rien à faire, gn’a qu’à pleurer.
4.
P’têt’ ben qu’un jour gn’aura du bon / Pour l’ Gas qui croit pus à grand-chose / Qu’ a ben sommeil, qu’ est ben morose / Et qui bourlingue à l’abandon / Pour l’ Gas qui marche en ronflant d’bout / Et qui veut pus en foutre eun’ datte / Et qui risqu’rait p’t’êt un sal’ coup / S’il l’tait pus vaillant su’ ses pattes / Et s’y n’ saurait pas qu’en fin d’compte / Pus ya d’ misère et d’ scélérats / Pus ya d’ l’horreur, pus ya d’ la honte / Pus ya d’ pain pour les magistrats ! / C’soir… faut r’filer la Comète / Malgré qu’ mes pieds soyent en viand’ crue / Ce soir… c’ doit êt’ un soir de fête / C’est plein d’ rigolos dans les rues ! Ô joie ! ô candeur !... non c’ qu’y gueulent / Gn’en a déjà qu’ ont leur muffée / Y tienn’nt un copain qui dégueule / Alorss que moi j’ai rien briffé / (Ceuss’-là y gagn’nt cinq cigs par mois / Et veul’nt la faire aux mecs braisés) / Or pour s’ payer eun’ fill’ de joie / Ce soir… n’a fallu s’ cotiser ! / Chacun deux thun’s… viv’ la jeunesse ! / Et les v’là quat’ pour eun’ gothon : Mais la pauv’ môm’ n’a qu’ deux tétons / Et quoi qu’a fass’… qu’eun’ pair’ de fesses ! / Un seul couch’ra… hein, quel succès ! / Les aut’s y s’ tap’ront… sans personne / (Ah ! c’ qu’on est fier d’être Français / Quand on se r’garde la colonne !) / Les pauv’s gas…, les malheureux / Les crèv’-d’amour…, les faméliques ! / Les v’là, les viveurs fastueux / De la trois, quatre… cinquième République ! / Quand gn’en a pus… gn’en a encore / Y piaill’nt, y rouspèt’nt… y s’ querell’nt / C’est du suffrage universel / Qui passe et qu’ est content d’ son sort ! / Ah ! les veaux tout d’ mêm’, les vagins / Les salopiots…, les loufoques / C’est pas euss qui f’ront v’nir l’Époque / Où qu’ les z’Homm’s y s’ront tous frangins / Où qu’ les Nations s’ pass’ront des langues / Comm’ des charlott’s en amiquié / Euss’, y r’tourn’nt à l’orang-outangue / De la cocotte au cocotier ! / Ça s’rait bath d’en faire un cocu / D’y soul’ver eun’ de ses bergères / Mais d’pis longtemps… j’ai mal vécu / J’ suis pas sûr d’êt’ eun’ bonne affaire / Pis… mal fringué… fauché… sans treffe / J’os’rais seul’ment pas y causer : Donc un béguin, c’est comm’ des nèfes / Quant au lapin… c’est tout posé ! / N’empêch’ que v’là la puïe / Qu’y m’ faut cor’ n’ bouffer qu’ la brume / (Mêm’ que c’est comm’ ça qu’on s’enrhume / Et qu’on s’obtient des pneumonies) / N’empêch’ qu’en c’te nuit d’ plaisir / Où trottaille ed’ d’ la bell’ gonzesse / Au fin fond d’ ma putain d’ jeunesse / Y s’ lèv’ comme un troupeau d’ désirs ! C’ soir j’ peux pus m’ cont’nir / J’éclate ! Y a trop d’ joie, trop d’ morues / J’ m’en vas chialer… j’ m’en vas m’ périr… / Gn’a trop d’ rigolos dans les rues / C’ soir j’ peux pus m’ cont’nir / J’éclate ! Y a trop d’ joie, trop d’ morues / J’ m’en vas chialer… j’ m’en vas m’ périr… / Gn’a trop d’ rigolos dans les rues … Assez ! ou j’ vas m’ sortir les tripes / Et buter dans l’ blair des passants / Des premiers v’nus, des « innocents » / Dans c’ troupeau d’ carn’s qu’ est les bons types / Ceuss’-là dont la joie n’ fait pas grâce / J’ m’en vas leur z’y mett’ un bouchon… / Noël ! noël ! L’ preumier qui passe / Y bouff’ra d’ la tête de cochon !... / À moins qu’ ça n’ soye moi qui n’écope / Y aurait des chanc’s pour qu’ d’eun’ mandale / Un d’euss’ m’envoye râper les dalles / De Pigalle au café Procope* / Car euss’ n’ont pas dîné… d’ mépris / Ni déjeuné d’un paradoxe : Tous ces muff’s-là, c’est bien nourri / Ça fait du sport… ça fait d’ la boxe / Pis quand même ej’ s’rais l’ pus costaud / (Faut ben voir la réalité) / Quand on est seul à s’ révolter / Les aut’s boug’nt pas pus qu’ des poteaux / Alorss ? Quoi fair’ ? S’ foutre à la Seine ? / Mais j’ suis su’ Terr’, faut ben qu’ j’y reste / Allons r’marchons… rentrons not’ geste / Pour cett’ fois… ça vaut pas la peine !
5.
Espoir 05:20
Comment qu’ ça s’ fait qu’ les taciturnes / Les fout-la-faim, les gas comm’ moi / Gn’en a pus d’un su’ l’ pavé d’ bois / Comment qu’ ça s’ fait / Ceuss qu’ ont du poil et d’ la fierté / Les inconnus…, que tout l’ mond’ frôle / Qui souffr’nt sans rouspéter / Et pass’nt en couchant les épaules ? / Comment qu’ ça s’ fait… Comment qu’ ça s’ fait / C’est-y que quand le ventre est vide / On n’ peut rien autr’ que s’ résigner / Comm’ le bétail au front stupide / Qui sent d’avanc’ qu’y s’ra saigné ? / Comment qu’ ça s’ fait… Comment qu’ ça s’ fait / Comment qu’ ça s’ fait qu’ la viande est lâche / Qu’on n’ tent’rait pas un coup d’ chien / Qu’ moins on peut… moins qu’on s’ maintient / Pus on s’ cramponne et pus qu’on tâche ?/ Comment qu’ ça s’ fait… Comment qu’ ça s’ fait / Comment qu’ ça s’ fait qu’on fait rien / Qu’on a cor’ la forc’ de poursuivre / Et qu’ malgré tout, ben, on s’ laiss’ vivre / À la j’ m’en-fous, à la p’têt’-bien ? / Comment qu’ça s’fait… Comment qu’ça s’fait… Oh ! C’est qu’ chacun a sa chimère / Et qu’ pus il est bas l’ purotain / Pus qu’y marin’ dans les misères / Pus que son gniasse est incertain / Moins y sait où donner d’ l’aile / Comme en plein jour l’oiseau du soir / Pus qu’y se r’suc’ dans la cervelle / Deux grains d’ mensonge et un d’espoir ! / Espoir de quoi ? Ça dépend : Gn’en a qu’ espèr’nt en eun’ Justice / D’aut’s en la Gloir’ (ça, c’est un vice… / Leur faut dans l’ fign’ trois plum’s de paon !) / Gn’a pas, on est fatigué / On n’ donn’ pus dans la Politique / Ses pantins noirs et leur chiqué / On sait qu’ tout ça, c’est des « pratiques »… On rigol’ d’eun’ Fraternité / Où mêm’ quand c’est l’ Milord qu’ étrenne / Et qu’ c’est son tour d’êt’ dans la peine / Ses frangins ( !) l’y laissent barboter / On s’ fout d’un Dieu qui, s’il existe / A sûr’ment dû nous oublier / Car d’pis l’ temps qu’on l’a supplié / L’aurait pu fair’ la Vie moins triste ! / On commenc’ par avoir son crible / Des loufoqu’ries de nos Aïeux / On vourait pas, si c’tait possible / On vourait pas trinquer pour eux… / Nous on est droits… nous on respire / (Ça n’est déjà pas si cocasse) / Porquoi qu’y faut payer la casse / Du preumier au s’cond Empire ? / On marche pus pour êt’ martyrs / Ou d’ la confitur’ d’insurgés / Comm’ ceuss dont les z’oss’ments doiv’nt dire : - Malheur ! Quand c’est qu’on s’ra vengés ? Porquoi qu’on s’rait viande à mitrailles / Pour flingots à « persécussions » ? / De Fourmies* on r’monte à Versailles* / C’est toujours les mêm’s solutions / On croit s’ battr’ pour l’Humanité / C’est pour qu’ les Forts s’engraissent / C’est pour que l’ Commerce y r’naisse / Avec bien pus d’ sécurité / On se souvient des Communeux / Dont on questionnait la cervelle / En leur enfonçant les vitreux / À coups d’ sorlots et d’ point’s d’ombrelles / Et quand on r’tombe au temps présent / On n’ trouv’ pas ça pus amusant / Y font vomir les satisfaits / À qui pus rien ne fait d’effet / Nous, on veut pus se l’ laisser mettre / Vaut mieux s’ tourner les pouc’s en rond / Quand un larbin y parvient maître / L’est cor pus carn’ que son patron ! / De quoi ? S’ fair’ scier pour ces gas-là ? / Fair’ monter l’ tirag’ des gazettes ? / Y val’nt pas l’ coup / Qu’y z’y rest’nt aux wouater-clozettes ! / À part quéqu’s-uns qu’ ont d’ la bonté / Les aut’s sont trop sûrs d’eux-mêmes / Laissons les flemmards à leur flemme / Et les salauds dans leur sal’té ! / Qu’y z’y pionc’nt dans leur purin / Plein d’or, d’ laideurs et d’arrogance / Vrai, y manqu’nt trop d’élégance. / Y m’ dégoût’nt, mes Contemporains ! Donc, chacun il a sa chimère / (Mêm’ qu’il en est l’unique amant) / Bibi a la sienne égal’ment… / Suffit… j’ m’entends… c’est m’ n’ affaire ! / Voui, j’ suis un typ’, moi, j’en ai d’ bonnes / Quand les aut’s y sont dans leur lit / Bibi y trimballe eun’ Madone : Notre-Dame-des-Démolis ! / Et l’ pus crevant d’ l’aventure / Qui fait mon chagrin panaché / C’est lorsque j’ suis l’ pus fauché / Dans la nasse, dans l’ordure / Quand j’ vaudrais pas mêm’ eun’ claque / Donn’rais pas deux ronds d’ ma peau / Qu’ « le long, le long du ruisseau »* / J’ vourais m’ fondre et devenir flaque / Quand j’ me sens l’ pus loqu’taillon / Mâch’ mes cris comm’ des cartouches / Quand j’ suis l’ pus rauque et farouche / Qu’a m’apparaît comme un rayon ! / Quand j’ vas ruer dans les brancards / Tout par un coup v’là qu’a s’élève / La Cell’ qui dort au fond d’ mes rêves / Comme eun’ bonn’ Vierg’ dans un placard ! / Qui c’est ? J’ sais pas, mais alle est belle : A s’ lève en moi en Lun’ d’Été / Qui c’est ? J’ sais pas… / Alle est postée en sentinelle / Comme un flambeau, comme eun’ clarté ! / A m’ guette, alle écout’ si j’ l’appelle / Du fond du soir et du malheur / Mêm’ qu’alle a les tétons en fleur / Et tout l’Amour dans les prunelles ! / Qui c’est ? J’ sais pas… p’têt’ la Beauté / (À moins qu’ ça n’ soye la Charité) / Qui c’est ? J’ sais pas… / En tout cas c’est moi qu’alle attend / Et v’là déjà pas mal de temps ! Mais à forc’ d’errer et d’ muser / Su’ des kilomèt’s de bitume / Quéqu’ soir d’horreur et d’amertume / J’ me cogn’rai p’têt’ dans son baiser ! / Ma foi, si gn’a pas moyen / C’est pas ça qu’ empêch’ra que j’ l’aime ! / Allons, r’marchons, suivons not’ flemme / Rêvons toujours, ça coûte rien !
6.
Déception 05:53
Quand j’ m’amèn’rai su’ la Mason / Qu’ j’ai dans l’idée, au coin d’ ma vie / Elle a s’ra just’ su‘ sa sortie / Pour aller fair’ ses provisions / Dès qu’a m’ verra / (Un vrai coup d’ tronche en pleins nichons) / Et comm’ tout par un coup r’froidie / A d’viendra blanch’ comme un torchon ! / - Ah… -Ah ! ben vrai… bonsoir ? Quiens ! Te v’là ? Ça n’est pas trop tôt, mon bonhomme, Allons, approch’, pos’ ton cul là, D’où c’est qu’ tu viens ? Comment qu’ tu t’ nommes ? -Qui c’est ton parfum ? dis ? des fois ? (On pourrait t’ pister à la trace.) -Mossieu a mis son sifflet d’ crasse ? Mossieu va dans l’ monde, à c’ que j’ vois ! -J’ te connais comm’ si j’ t’avais fait, T’ es un rêveur…, t’ es z’eun’ vadrouille ; T’ as chassé que c’ que tu rêvais Et t’ es toujours rev’nu bredouille : -Dors… laiss’ tout ça s’organiser, J’ suis la Beauté… j’ suis la Justice, Et v’là trente ans que tu t’ dévisses, Qu’ t’ es en marche après mon baiser ! -T’ es ben un galant d’ not’ Époque, Un d’ nos cochons d’ contemporains Qu’ ont l’ cœur et la sorbonne en loques Et n’ savent où donner du groïn. -Aussi on n’ te gob’ pas beaucoup, T’ offens’s les muffs ; t’ es bon pour l’ bagne. Comment, sagouin, t’ avais pas l’ sou Et tu f’sais ta poire et tes magnes ? -Quiens… maint’nant, causons des gonzesses (Qué Sologn’ ce fut… tes vingt ans !) Aucune a compris les tendresses Qui braisoyent dans tes miroitants : -Et t’ es cor deuil et plein d’ méfiance À cause des fauvett’s qui dans l’ temps Ont fait pipi su’ tes croyances Et caca su’ ton Palpitant ; -Et les ment’ries qu’ tu sais déjà ; Nib ! T’ en veux pus pour un empire : Hein : « Cœurs de femm’s, cœurs de goujats » Et les meilleur’s… a sont les pires ! -N’ te tracass’ pas, va… dors, mon gosse ; Dodo, mon chagrin… mon chouné, La France est un pays d’ négoce, Tu sauras jamais t’y r’tourner ! Et v’là. - A caus’ra jusqu’au jour / Comm’ ça en connaissanc’ de cause / Ses mots… y s’ront des grains d’amour / Et en m’ disant tout’s ces bonn’s choses / Dans son plumard silencieux / A mettra ses mains su’ ma bouche / Et pis ses bécots plein mes yeux / Dormir… dormir, jusqu’à midi ! / Qu’a soye putain, qu’a soye pucelle / Le blair dans l’ poil de son aisselle / Comme un moignieau qui rentre au nid ! / Sûr qu’a s’ra franch’, gironde et bonne / Son cœur y s’ra là pour un coup / Et ses tétons y s’ront si doux / Que j’ la prendrai pour eun’ daronne / Et loin des gonciers charitables / Des philanthrop’s… des gas soumis / J’aurai d’ la soup’, du rif, eun’ table / Et du perlo pour les z’amis / (Fini l’ chiqué des vieux gratins / Des pauv’s vieux cochons baladeurs ! / Fini, Mam’ Poignet et ses leurres / Solitaires et clandestins !) / Dormir… n’ pus jamais rouvrir / Mes falots sanglants su’ la Vie / Et dès lorss ne pus rien savoir / Des espoirs et des désespoirs / Qu’ ça soye le soir ou ben l’ matin / Qu’y fass’ moins noir dans mon destin / Dormir longtemps… dormir… dormir… / Dormir… dorm… dormir…! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ho ! mais bon sang ! Cell’ que j’appelle / Ça s’rait-y pas la Femme en Noir / Qu’est à coup sûr la pus fidèle ? / Oh ! là là, vrai ! La Dame en Noir / (Qu’un jour tout un chacun doit voir / Aux lueurs des trent’-six chandelles) / La Sans-Remords… la Sans-Mamelles / La Dure-aux-Cœurs, la Fraîche-aux-Moelles / La Sans-Pitié, la Sans-Prunelles / Qui tranch’ les tronch’s par ribambelles / Et, dans les tas les pus rebelles / Envoye son tranchoir en coup d’aile / Pour fair’ du Silence et du Soir ! / (Et faire enfin qu’y ait du bon / Pour l’ gas qui rôde à l’abandon.)
7.
Prière 05:36
Si vous existez / Fait’s-moi vot’ pus gracieux sourire / J’en ai gros su’ l’ cœur à vous dire / J’ suis en vein’ de sincérité ! / (C’ que j’ les ai dans l’ nez / Ces muffs qui, sous l’ nom d’ « concurrence » / Ont créé eun’ sourc’ de souffrances / Un genr’ légal d’assassiner !) / Rendez-moi mes vingt sous / Car j’ai passé ma bell’ jeunesse / À m’ voir pousser des dents d’ sagesse / Quand j’avais rien à m’ fout’ dessous / J’ai fait tous les méquiers d’esclave / C’pendant j’ai jamais pu gagner / Ma boustifaille et mon loyer / À présent, m’ v’là, eune épave / J’ai l’ poil tern’ des bêt’s mal nourries / La dèch’ m’a fait la gueul’ flétrie / Ma jeuness’ reste étiolée… / J’ pourrai jamais m’en consoler / Mêm’ si qu’un jour j’ tournais au riche / Par un effet de vot’ bonté / Ce jour-là, j’ f’rai mett’ eun’ affiche : « ON CHERCHE À VENDRE UN CŒUR GÂTÉ. » / Mes poteaux ? Combien m’ont trahi ! / Pourtant m’en rest’ quéqu’s-uns d’ fidèles / Mais pour la mouïse y m’ gagn’nt la belle / C’est comme un syndicat d’ faillis / Des Amours mignons m’ont pâli / Et la Vie les a massacrés / Mes mains les ont ensevelis / Mes yeux les ont beaucoup pleurés / J’ suis près d’ périr / Et v’là ma peine alle est ben vraie / Quand un malade il a eun’ plaie / Faut-y rien faire ou la guérir ? / Et j’ me vois comme à l’ambulance / Du champ d’ bataill’ de mes douleurs / Faut-y toujours téter ses pleurs / Et bouffer l’ pain d’ l’obéissance ? / L’ Printemps m’ soûle à son tour / (Mon sang ça n’est pus d’ l’eau d’ lessive) / J’ai des bécots plein les gencives / Et j’ai les rognons pleins d’amour ! / J’ l’ sais qu’ c’est la fête / Et que l’ temps d’aimer il est v’nu / Qu’y f’rait mêm’ bon d’aller tout nu / Avec au bras eun’ gigolette / Pour fair’ la culbut’ dans les foins / Sans culbutants et sans témoins ! / Mais outr’ que j’ suis trop mal frusqué / J’ai pas d’ pèze pour en embarquer / Aucune a vourait d’ ma tristesse : Vous avez d’ l’instruction / Porquoi qu’y en a qu’ ont des maîtresses / Malgré qu’y n’aient pas d’ position ? / J’ suis l’ fils des vill’s, non d’ mon village / Si j’ai des envies, des besoins / C’est la faute aux grands magasins / À leurs ménifiqu’s étalages / On entend geindr’ le boulanger / Comm’ si qu’y s’rait près d’ son trépas / Et ses soupirs me font songer / Qu’y fait du pain où j’ mordrai pas / (Quoi y faut dir’ ? Quoi y faut faire ? / J’ai mêm’ pus la force de pleurer / J’ sais pas porquoi j’ suis su’ la Terre / Et j’ sais pas porquoi j’ m’en irai !) / (Quoi y faut dir’ ? Quoi y faut faire ? / J’ai mêm’ pus la force de pleurer / J’ sais pas porquoi j’ suis su’ la Terre / Et j’ sais pas porquoi j’ m’en irai !) Sans vous commander / V’là qu’ ça m’ reprend, gn’a pas d’offense / J’ vourais comm’ dans ma p’tite enfance / Coller mon cib su’ deux nénés ! / Sans qu’ ça vous froisse / J’ vous tends mon cœur, comm’ la Pucelle* / Et pis mes bras chargés d’angoisse / Lourds du malheur universel ! / Car si j’étais seul à la dure / Je n’ vous pos’rais pas tant d’ porquois / Mais l’ pus affreux de l’aventure / C’est qu’y sont des meillons comm’ moi ! / L’Homme est pas fait pour la misère / Et contrarier ses Beaux Désirs / Ni pour qu’ ses frangins l’ forc’nt à faire / Des cravails noirs et sans plaisir / Car y s’enferm’ dans des usines / Des quarante et des cinquante ans / Dans des bureaux, des officines / Alors qu’ les cieux sont éclatants / Si vous existez / Donnez-nous la moell’ d’être libres / Et d’ remett’ tout en équilibre / Suivant la grâce et la bonté ! Donnez-nous la liberté… ! Donnez-nous la liberté… ! Donnez-nous la liberté… ! Et quant à moi pour le présent / J’ vourais que mes faims soy’nt assouvies / J’ veux pus marner, j’ veux viv’ ma vie / Et tout d’ suite, pas dans dix ans ! / J’ suis su’ la Terr’, c’est pour y vivre / J’ai des poumons pour respirer / Des yeux pour voir, non pour pleurer / Un cerveau pour lir’ tous les livres / Un estomac pour l’ satisfaire / Un cœur pour aimer, non haïr / Des mains pour cueillir le plaisir / Et non turbiner pour mes frères ! / Soupé des faiseurs de systèmes / Ces économiss’s « distingués » / Des f’seurs de lois qui batt’nt la flemme / (Tout’ loi étrangle eun’ liberté !) / Soupé des Rois, soupé des Maîtres / Des Parlements, des Pap’s, des Prêtres / (Et comm’ j’ai pas d’aut’ bien qu’ ma peau / Il est tout choisi mon drapeau !) / Soupé des vill’s, des royaumes / Où la Misèr’ fait ses monômes / Soupé de c’ qu’ est civilisé / Car c’est l’ malheur organisé ! / Nos pèr’s ont assez cravaillé / Et bien assez égorgillé ! / L’Homm’ de not’ temps faut qu’y se r’pose / Et que l’Existenc’ lui tourne en rose / Si vous existez / Donnez-nous la forc’ d’être libres / Et que mes souhaits s’accomplissent / Si vous existez… / Car au Printemps, saison qu’ vous faites / Alorss que la Vie est en fête / Y s’rait p’-têt’ ben bon d’être eun’ bête / Ou riche et surtout bien aimé / Et que mes souhaits s’accomplissent … / (Ça s’rait ben bon, si c’ n’est justice !)
8.
Épilogue 03:08
Yen avait pas encore assez De grapeaux, de cérémognies, De défilés par compagnies Et d’un chahut des cinq cents diables Et des gueul’tons substantiels, Et d’ la galette des contribuables Illuminant la tour Eiffel. (Ça n’était pas encore assez Les z’horreurs a vont r’commencer !) Et on r’verra l’ Préfet de police Empli de tristesse et d’horreur À la pensée qu’un nihilisse Ou quéqu’un d’ ces salauds en isse Pourrait ben s’offrir el’ l’ caprice D’agrandir l’ trou d’ bombe d’un Emp’reur ! De quoi, on va r’voir la Justice, Les Colonies et l’Intérieur L’Armée, l’ Clergé, l’Académie, Le Théâtre, la Poyésie Y compris les Travaux Publics En un mot tout’ la République, Sucer les doigts d’ l’Impératrice, Ou s’user l’ nombril su l’ pavé ? S’en sont-y collé des voitures Tandis qu’ mes s’mell’s à forc’ d’usure Se trottaient et m’ laissaient en plan S’en sont-y foutu des bitures D’ess’traordinaires nourritures Pendant qu’ Bibi s’ grattait les flancs ! Enfin après l’apothéose Relisons un peu leurs discours Qui s’ils z’avaient l’ mérit’ d’êt’ courts Signifiaient pas toujours grand-chose – Je bois – Tu bois – À toi – Z’à moi Eh ben moi j’ veux qu’ Satan m’ patafiole Si dans ces discours empruntés Gn’a un mot qu’a l’air d’un traité Aussi j’ crois ben qu’on s’ fout d’ ma fiole Vous comprenez, moi, j’ suis dans l’ tas ; Ces gueul’tons, ces fêt’s, ces galas, Ousque les gros s’ sont cuités ferme Dam ! ça n’a pas payé mon terme, V’là l’Hiver… on m’a esspulsé V’là l’Hiver… et on peut penser Qu’y gn’en a des flott’s dans mon cas. Et maint’nant que m’ v’là quasi nu, Pass’ que j’ n’ dors pus qu’ dans mes loques, J’ai l’ droit d’engueuler mon Époque Du crottoir ousqu’on m’a foutu ! Voui, j’ai l’ droit d’ la trouver saumâtre. Et si je n’ l’ai pas… ben, je l’ prends. Après tout, moi j’ suis du Théâtre, J’ suis aussi un rouage influent.

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Libre adaptation des poèmes de Gabriel Randon dit Jehan-Rictus (1867-1933). Avec la participation de Jean-Claude Dreyfus.
Livre-Disque disponible ici: shop.rayondufond.com/catalogue/

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released March 30, 2017

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